Vous êtes commissaire général du 17ème Salon international du livre d’Alger. Peut-on avoir un aperçu sur votre parcours professionnel et sur les circonstances qui vous ont amené à accepter d’organiser cette importante manifestation du livre et de la culture dans notre pays ?
J’ai fait mon parcours professionnel dans le secteur public de l’édition nationale, d’abord à l’ANEP puis un certain nombre à l’Entreprise Nationale des Arts Graphiques (ENAG) que je dirige actuellement avec la collaboration d’une équipe solide et qui croit en l’importance de la diffusion du livre et du produit culturel de qualité dans notre pays. Pour ce qui concerne mon titre de commissaire général du SILA 2012, je l’ai accepté après que Madame La Ministre de la Culture m’en ait fait la proposition après avoir récemment instruit, comme vous le savez, dans le cadre du redéploiement de l’ENAG la création de deux filiales dont l’une est chargée de l’organisation de salons et expositions en relation avec l’édition et la culture dans notre pays.
Auparavant, le commissariat général du SILA était tantôt dirigé par l’ANEP tantôt par le syndicat des éditeurs. Dans quel état d’esprit prenez-vous aujourd’hui le relais et allez-vous procéder à des changements par rapport à vos prédécesseurs ?
Le Salon international du livre d‘Alger est le plus grand rassemblement culturel et didactique organisé chaque année en Algérie. Beaucoup plus qu’une exposition ou une simple librairie, la plus grande du pays tout de même et pendant plus d’une semaine, c’est un événement bouillonnant de culture, fait de rencontres, de découvertes, d’échanges, réunissant les professionnels du livre : auteurs, éditeurs, libraires, distributeurs journalistes et autres acteurs du monde de l’écrit, de la culture et des médias, et bien-sûr les visiteurs de tous âges, toujours enthousiastes. C’est dans cet esprit que j’entends diriger ce salon avec le même élan que les autres commissaires. C’est dans cet esprit également que je vais essayer avec l’équipe qui m’accompagne d’apporter pour les prochaines éditions les améliorations et les innovations qui s’avéreront nécessaires.
Quel cachet particulier revêtira l’édition 2012 du SILA ?
Au plan symbolique, nous célébrons cette année le cinquantenaire de l’indépendance. Cet anniversaire nous impose de retenir sous le slogan « Mon Livre, Ma Liberté » deux thèmes qui sont à mes yeux liés : le premier est relatif à l’histoire du mouvement national et de la guerre de libération. Il associe des chercheurs et des historiens algériens et étrangers spécialistes. Le deuxième est relatif à l’édition dans notre pays et aux mutations que le secteur a connues depuis cinquante ans ainsi qu’à sa contribution à l’écriture de l’Histoire. Il y a, aujourd’hui, dans ce domaine, une politique ambitieuse et des expériences publiques et privées qu’il s’agit de présenter et d’interroger pour tenter de montrer au public ce qu’est le livre aujourd’hui en Algérie, ses métiers, les ambitions de ses professionnels, ses difficultés et ses défis. En 1987, date du 25e anniversaire de la libération du pays, on relevait dans une enquête initiée avec le concours de la Bibliothèque Nationale que l’Algérie a édité pendant ce quart de siècle quelque quatre mille (4000) titres d’ouvrages embrassant le domaine de l’imagination et celui de la réflexion. A titre de rappel, entre 2003 à début 2012, l’Algérie a édité environ sept mille (7000) titres selon une source syndicale du livre. Il y a là, me semble-t-il, à l’occasion du cinquantenaire et de ce salon, matière à réflexion sur les progrès réalisés grâce à l’Etat qui aide, soutient et encourage le livre. Au plan organisationnel, nul doute que le SILA 2012 est un salon de transition à partir duquel il y a déjà une réflexion sur les acquis à consolider et sur les chantiers à ouvrir pour l’améliorer davantage.
L’ouverture officielle du 17ème SILA est prévue le 20 septembre prochain. Est-ce que toutes les conditions sont réunies pour le bon déroulement de la manifestation ?
Je pense que toutes les conditions sont réunies. Plus de 700 exposants de 40 pays participeront à ce rendez-vous. Le Salon s’étend sur une surface de 13000 m2. Il sera marqué par diverses activités centrées sur l’Histoire du mouvement national et de la guerre de libération et sur l’édition algérienne depuis un demi-siècle. Les intervenants aborderont des questions importantes comme l’achat des droits et la coédition », le livre en Afrique qui sera cette année encore à l’honneur et les possibilités de coopération entre les éditeurs du continent, la traduction, le livre en tamazight… Un « stand panafricain », si je puis dire, sera ouvert aux écrivains, conteurs, chercheurs impliqués dans le champ de la culture et de la création en Afrique… A partir du 21 septembre, le pôle d’animation des activités culturelles prévoit un programme de trois rencontres par jour sans compter le colloque organisé avec la collaboration du Centre National des Etudes et Recherche Préhistoriques, Anthropologiques et Historiques (CNERPAH) sur le thème de la révolution et la littérature, et les présentations d’ouvrages par leurs auteurs.
A chaque édition, le SILA a pour tradition de rendre hommage à une figure marquante du paysage culturel dans notre pays. Qu’en est-il pour cette année ?
La tradition sera respectée avec, de surcroît, une charge symbolique très forte. Un hommage sera rendu, en effet, à deux grandes figures martyres de la littérature algérienne : Ahmed Rédha Houhou et Mouloud Feraoun. Des témoins, des proches et des spécialistes des deux écrivains viendront parler de leurs vies, de leurs œuvres respectives et de leur importance pour le patrimoine littéraire national.
Contrairement aux éditions précédentes, Il n’y aura pas, cette année, de pays « invité d’honneur». Pourquoi ?
Cinquantenaire oblige, l’invité d’honneur, cette année, c’est l’Algérie. Comme il s’agit d’un rendez-vous coïncidant avec la célébration du cinquantenaire de l’indépendance, nous avons placé notre pays au centre de cette manifestation à travers des rencontres (conférences, tables rondes, hommages en relation avec l’histoire des résistances algériennes contre le colonialisme et avec celle de l’édition, un secteur qui connait aujourd’hui des mutations intéressantes et prometteuses. Je tiens, pour finir, souhaiter la réussite à ce Salon, qui est dans sa 17ème édition, tout comme je souhaite une bonne participation aux exposants et un bon salon pour les visiteurs.
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